La Porsche Taycan Turbo S a reçu tout le soin nécessaire pour devenir la voiture électrique la plus sportive. Les performances sont au rendez-vous, la polyvalence aussi, et le caractère est à la hauteur de la réputation de la marque. Même le tarif très élevé n’empêche pas les foules de commander ce phénomène.
Généralement, les essais d’un nouveau modèle organisés pour la presse durent sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. A chaque jour, un groupe de journalistes différents, qui viennent de l’un ou l’autre des pays européens où est commercialisé le modèle. Mais pour le lancement de la Porsche Taycan Turbo S, le constructeur de Zuffenhausen a choisi de déroger à la tradition. Car l’enjeu est de taille : pour montrer la polyvalence et les performances de sa première voiture électrique, la marque a choisi d’organiser un véritable road-trip de près de trois semaines, depuis le nord de la Norvège jusqu’au sud de l’Allemagne, en faisant quelques détours. Charge à nous de conduire l’auto depuis Luxembourg jusqu’à Friedrichshafen.
C’est par un vendredi pluvieux que nous atterrissons dans le Grand Duché. Les véhicules électriques nous attendent, en rang d’oignon, à la sortie de l’aéroport. Le hasard nous attribue une version Turbo S, la plus haut-de-gamme et aussi la plus puissante… Du moins sur le papier ! Car si cette déclinaison annonce 761 ch (contre 680 ch pour la Turbo), ces valeurs de puissance ne sont disponibles que lorsqu’on enclenche le Launch Control, cette fonction qui permet à la voiture de démarrer comme un boulet de canon grâce à ses quatre roues motrices : le 0-100 km/h peut alors tomber à 2,8 secondes !
Sinon, dans les deux cas, il faut se contenter d’une cavalerie déjà respectable de 625 ch. Vu que dans la plupart des cas, la puissance est identique, il semble bien difficile de justifier à première vue les plus de 30.000 € d’écart entre les deux versions. Mais ce raisonnement serait bien trop simpliste. Car les happy few qui craquent pour cette Porsche électrique veulent simplement ce qu’il se fait de mieux, qu’importe le prix ! Afficher un S sur la poupe callipyge de cette berline surbaissée longue de 4,96 m vaut bien un chèque à cinq chiffres.
Une Porsche Taycan Turbo S collée au sol
Cette première partie du road-trip organisé par Porsche doit nous faire rejoindre Strasbourg, en passant par la Lorraine. L’itinéraire, qui traverse à maintes reprises la frontière franco-allemande, emprunte des routes étroites et, surtout détrempées. Dès les premiers kilomètres, la Taycan se distingue par sa docilité. Doser l’accélération apparaît immédiatement évident, malgré les ressources impressionnantes. Au démarrage, cette Porsche plaque les passagers au siège avec autant de violence que les Tesla les plus puissantes. Autant dire que pas grand-chose de ce qui roule n’est capable de suivre sur les premiers mètres. Le tout, avec une motricité impeccable grâce aux deux moteurs (un sur chaque essieu) qui assurent une transmission intégrale sans lien mécanique.
Malgré les roues de 21 pouces, le confort de suspension pneumatique apparaît étonnant. En mode Confort, on note même un léger pompage, complètement éliminé en mode Sport, qui semble le meilleur compromis. Car en Sport +, le plus radical des modes de conduite, la fermeté du réglage se révèle fatigante à la longue. Sur cette route humide et tortueuse, c’est toutefois la tenue de route qui nous impressionne. Car les larges pneus GoodYear Eagle F1 semblent se jouer du bitume détrempé : on atteint des vitesses proprement ahurissantes sans même sans rendre compte. Et sans avoir l’impression d’approcher les limites d’adhérence.
Le revers de la médaille est que tout cela manque de sensations. Comme la dernière 911, cette Taycan réclame d’aller extrêmement vite pour prendre du plaisir. Ce qu’il semble déraisonnable dans ces conditions, où les vitesses atteintes pourraient conduire à un décrochage extrêmement brutal à la moindre variation d’adhérence du bitume.
Une Porsche Taycan 4S plus abordable
Nombreux sont les clients de Porsche Taycan qui ne voudront que ce qui se fait de mieux en choisissant la Turbo S. Il n’empêche, la version 4S, qui fait – pour l’instant – office d’entrée de gamme, se révèle déjà très convaincante, et son tarif se rapproche de celui de la Tesla Model S.
Lors de notre premier contact avec la Porsche Taycan Turbo S, nous avions été impressionnés par les performances diaboliques des Turbo et Turbo S, d’ailleurs rigoureusement identiques si on n’enclenchait pas le Launch Control, dispositif qui calibre la mécanique pour offrir des démarrages canon. Si les deux premières citées ne se différencient que par l’électronique de puissance du moteur avant, la nouvelle venue, dénommée 4S, adopte un nouveau moteur arrière, moins puissant. La cavalerie s’élève tout de même à la valeur largement honorable de 571 ch (490 ch hors Launch Control).
Malgré les presque 2,3 tonnes de cette berline électrique, les reprises s’avèrent là encore plus que suffisantes. Le comportement et les performances sont assurément ceux d’une sportive, quoique moins surréalistes que celles des Turbo et Turbo S. L’écart entre cette nouvelle venue et ses sœurs haut de gamme semble justement dosé : la 4S offre une vivacité qui rappelle celle de la Tesla Model S, quand les deux autres rivalisent avec l’américaine en version Performance. De quoi garantir un plaisir certain sur route et des dépassements éclair. Alors que la direction offre toujours un feeling très Porsche, similaire à celui d’une 911. Notre modèle d’essai, chaussé de jantes de 20 pouces optionnelles, offrait le même excellent comportement routier que celui de la Turbo, qui profite de série de cette monte.
Une puissance de recharge record
Question autonomie et consommation, la Taycan 4S ne se distingue pas de ses sœurs. C’est-à-dire qu’elle n’atteint pas la sobriété d’une Tesla, mais apparaît bien moins gourmande que les Jaguar I-Pace et Audi e-tron. Avec 24 kWh/100 km constatés sur autoroute et 20 kWh/100 km sur route, on peut espérer respectivement parcourir entre 350 km et 400 km. Inutile donc de s’arrêter tous les 200 km comme c’est le cas avec quelques électriques à vocations sportives.
Et, sur les bornes de recharge rapide Ionity, la Taycan demeure en 4S la voiture électrique qui charge le plus vite du marché, avec un pic de charge constaté à 260 kW (une puissance annoncée de 270 kW), et une chute assez douce, permettant un plein en une demi-heure environ. Les bénéfices de son exclusive plateforme 800 volts. Attention : comme c’est le cas chez Hyundai, la « petite » batterie de 79,2 kWh ne charge pas plus vite que la Performance Plus optionnelle de 93,4 kWh, identique à celle des Turbo et Turbo S dont était équipé notre modèle d’essai (option à 6.576 €).
Dans tous les cas, la Porsche Taycan se présente avec une silhouette sensiblement similaire entre les différentes versions. Mais si la 4S se montre finalement plus classique dans son apparence, il sera possible de piocher dans le pantagruélique et onéreux catalogue d’options. En cochant les bonnes cases, il sera même possible de lui donner une apparence de Taycan Turbo S, qui se rapproche le plus des lignes du concept Mission E, avec des jantes à déports couleur carrosserie. Même chose à l’intérieur, où les acheteurs pourront forcément trouver tous les équipements et gadgets dont ils ont besoin.
Quand on parle de modèle d’entrée de gamme, tout est relatif, surtout chez Porsche ! Il faudra débourser à partir de 109.414 € pour une 4S! Et la Porsche Taycan Turbo S s’envole vers des sommets avec un prix de départ fixé à 189.934 €. Mais cette allemande se révèle diablement sexy et passionnante à conduire, même si on peut lui reprocher une habitabilité un peu réduite.