Une étoile silencieuse
Après Jaguar et Audi, Mercedes-Benz est le troisième constructeur à se lancer sur le terrain du SUV de luxe électrique. Avec un certain bonheur, même si l’autonomie n’est pas encore au niveau de ce que propose Tesla. Au moins le standing est-il digne de l’Etoile, ce que nous avons pu jauger lors d’un road-trip entre Zurich et Milan.
Lorsque Tesla a commercialisé ses Model S et Model X, on a tout d’abord cru qu’il n’y avait guère d’exploit à obtenir des autonomies flatteuses. Car le constructeur californien a fait le choix d’une batterie plus grosse que la moyenne, évidemment plus facile à installer dans une grosse voiture. Puis sont arrivées les premières concurrentes, les Jaguar I-Pace et Audi e-tron. A leurs dépens, ces deux SUV électriques ont mis en exergue l’avance technologique de Tesla : leur consommation très élevée a en effet révélé que les équipes d’Elon Musk disposaient également d’un savoir-faire certain en termes de gestion de l’énergie.
A l’heure où Mercedes-Benz se lance dans la bataille avec son EQC, on craignait donc qu’il en soit de même. Mais le constructeur allemand aborde les choses avec une certaine sérénité, au point de nous convier à un véritable road-trip entre Zurich et Milan, passant par les cols alpins, pour jauger son SUV électrique. Basé sur le GLC, celui-ci en reprend la base mécanique. Simplement, le moteur thermique cède place à l’électronique de puissance, alors que la batterie trouve place sous le plancher, réduisant d’autant la garde au sol. Extérieurement, on distingue facilement ce modèle électrique de son frère essence ou diesel : aucun panneau de carrosserie n’est commun entre GLC et EQC. Les volumes se veulent plus lisses, la calandre, dénommé Black Panel, est spécifique.
Style lisse ou agressif ?
C’est sur le parking de l’aéroport de Zurich que commence la prise en mains. Deux versions s’offrent à nous. L’édition limitée de lancement 1886 d’une part. Son nom fait hommage à l’année de lancement du tricycle Benz, considéré avec un peu (beaucoup) d’égocentrisme par Daimler comme la première automobile. L’argument justifiant l’opinion du constructeur allemand tient au fait que ce tricycle était le premier véhicule à être mû par un moteur à explosion…
Alors que d’autres engins faisant appel à d’autres moyens de propulsion peuvent se prévaloir d’une antériorité. S’accrocher au moteur à essence pour affirmer qu’il s’agit d’une « vraie » voiture, voilà qui ne manque pas de piquant. À l’heure où la marque passe précisément à l’électrique !
Cette édition 1886 se distingue par un bouclier aux lignes lisses, plutôt cohérent avec les lignes aquatiques de ce SUV aux électrons. A ses côtés s’alignent en nombre presque égal des EQC en finition AMG Line, à la face avant plus agressive. À la demande générale des distributeurs, c’est cette dernière version qui a été retenue comme l’unique diffusée sur le marché français. Au grand dam de ceux qui préfèrent la discrétion : ceux-ci devront acheter leur EQC en Belgique ou en Allemagne pour se passer du pack AMG.
Une ergonomie typiquement Mercedes
À l’ouverture de la porte, on reconnaît des éléments Mercedes-Benz. Cela commence par le double écran qui fait office de tableau de bord. Gréée du logiciel MBUX (pour Mercedes-Benz User eXperience), cette interface est personnalisable en tous sens. Complète dans ses fonctions, elle brille par la qualité de son affichage et ses menus judicieusement organisés. Las, la perfection n’est pas de ce monde.
Et la multiplicité des moyens de commande n’a finalement rien d’une aide au quotidien. L’écran est tactile (ce qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, est une nouveauté chez Mercedes-Benz). Mais il est également possible de naviguer dans le logiciel à l’aide d’un pavé tactile situé sur la console centrale, et moyennement facile à manipuler.Ou encore à l’aide d’une minuscule surface sensitive sur la branche droite du volant, plutôt capricieuse. Enfin, tel le système Siri d’Apple, le MBUX se targue de reconnaissance vocale. Il suffit pour cela de l’interpeller d’un « Hey, Mercedes ! » avant de prononcer son injonction…
Malheureusement trop peu souvent interprétée de manière correcte. Les écrans en jettent, assurément, mais l’ergonomie demeure perfectible. Surtout que les concepteurs ont eu l’idée saugrenue d’aller cacher le réglage lombaire dans un sous-menu… Au lieu de simplement conserver un bouton sur la contreporte, à côté du réglage du dossier ou de l’assise. De même, le commodo unique qui gère à la fois les clignotants, phares et essuie-glace demande un temps d’adaptation. Reste la finition, plutôt soignée comme dans un GLC. C’est bien la moindre des exigences pour un véhicule dont le tarif de base s’élève tout de même à 78.950 €. Etonnamment, les designers ont décidé de faire fi des aérateurs ronds connus dans la quasi-totalité des modèles de la gamme.
À la place, on trouve des éléments de forme oblongue qui ne sont pas sans rappeler ceux du SUV Hyundai Nexo à pile à combustible. On appréciera comme autre originalité les décors de contreporte striés, censés rappeler les ailettes de refroidissement d’un microprocesseur.
La douceur de l’électrique
Après ce tour du propriétaire, vient le moment de prendre la route. Pour cette première journée, il s’agit avant tout d’une mise en jambe. L’itinéraire prévu sillonne les alentours du lac de Zurich, parmi les routes de montagne escarpées. Pas besoin de se préoccuper d’autonomie ou de consommation, le contenu de la batterie suffit largement à cette virée.
Au sortir de l’aéroport, et dans les faubourgs de la ville, l’EQC fait montre, comme toutes les voitures électriques, d’une douceur sans pareil. A celle-ci s’ajoute des caractéristiques typiques de la marque, à savoir une direction douce et assez précise, ainsi qu’une insonorisation de haut vol. Les geeks salueront la clairvoyance du constructeur allemand qui a d’ores et déjà équipé tous ses modèles de ports USB-C. Les plus terre-à-terre pesteront contre ce choix, qui nécessite un adaptateur pour pouvoir profiter d’Apple CarPlay, interface obligeant une connexion filaire.
Retrouvez l’intégralité de cet essai sur la Mercedes-Benz EQC Génération Électrique n°2
PRIX : À PARTIR DE 78.950 €
MOTORISATION
Type : deux moteurs électriques asynchrones
Batterie : lithium-ion de 80 kWh
Puis. max. [ch. à tr/mn] : 408 ch
Couple maxi [Nm à tr/mn] : 760 Nm à 0 tr/min
Boîte de vitesses : rapport fixe unique sur chaque train
Transmission : intégrale sans lien mécanique
Nbre de portes/places : 5/5
Suspension AV/AR : multibras/multibras
Electronique embarquée : ESP, sélection de modes, maintien de position en pente
Stop & Start : non applicable
Pneus/Jantes : Pirelli Scorpion Verde 235/50R20
DIMENSIONS/CAPACITÉS
L/l/h [mm] : 4761/1884/1623
Empattement [mm] : 2873
Garde au sol [mm] : nc
Poids à vide [kg] : 2495
Poids tractable [kg] : 1800
Vitesse maximale [km/h] : 180
0 à 100 km/h (s) : 5,1
Mixte/urbain/extra urbain : 475/nc/nc
Emission CO2 (g/km) : 0